folle du 450

Sunday, May 04, 2008

Entre actes

Sur la scène les bouffons et les acrobates se donnent en spectacle. Lorsque que le rideau tombe il n’est plus nécessaire ni utile de jouer. Débute alors le véritable jeu, fuite inévitable des véritables enjeux. Si vous saviez les regrets que j’enterre au fond de moi, les actes manqués que je prétend avoir oublié, les déceptions que j’emporterai avec moi dans ma tombe, les gestes que j’aurais voulu poser, mais dont jamais je n’aurais eu le courage d’assumer.

Quand les projecteurs s’éteignent les bouffons n’ont plus envie de jouer. Quand le spectacle prend fin ils se démaquillent enfin. Laissant paraître leurs véritables traits, les marques hideuses du temps qui lézardent leurs visages. Fissures du temps jonchées d’événements, chaque jour qui passe le fossé se creuse davantage.

Je n’ai pas la conviction de pouvoir y faire quelque chose ni l’espoir de récupérer le temps perdu. Je n’ai pas courage de regarder derrière moi ou au travers les chemins non empruntés. Je regrette les choses et les gens auxquels j’ai renoncé, les moments d’égarement à chercher des idéaux qui n’existaient pas. Je n’ai pas vu la route, j’ai préféré rester dans la voie de l’ignorance et de la facilité. Aveuglée par la lumière que je croyais voir devant moi je suis restée naïve tout en allant nulle part.

Projection illusoire de rêves sans lendemains. Derrière l’image les masques tombent. Préservatif des apparences pour me protéger tant bien que mal d’une intimité douloureuse, je reste superficielle évitant ainsi les contacts susceptibles de percer le voile dans lequel je m’enroule, incapable de montrer mon visage. J’emmènerai dans ma tombe ma douleur et mes cris d’horreurs. 

Sous les masques se cachent la tourmente. Malgré les gants blancs les blessures non cicatrisées s’infectent d’amertume. Au fond de la tempête se dissimule la douleur d’une naissance qui n’aura jamais lieu, un accouchement qui n’en finira jamais et qui n’aboutira nul part. Les contractions et les contradictions ne cesseront pas tant que l’enfant à naître ne s’enroulera pas autour de son cordon, étouffé par la peur de vivre au grand jour.

Le tissus de mensonges s’est rompu, souillant à jamais la pureté d’une naïveté que personne jusqu’alors n’avait osé pénétrer.

Jamais plus je ne ferai confiance.

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